Conflit | Première Guerre mondiale |
Nom | CAUGANT |
Prénom(s) | Pierre marie |
Date et lieu de naissance | le 24/12/1898 à Trégourez (29) |
Date et lieu de décès | le 08/10/1936 à Lorient (56) |
Médaillé militaire
Croix de guerre
2e Régiment d’infanterie coloniale
1898-1936
Né à Trégourez (Finistère), le 24 décembre 1898, de Guillaume Caugant et de Anne Faillard. Dès l’âge de 14 ans, il entre comme courantin[1] à la mairie de Lorient. Impatient de partir au front, il s’engage en 1916 à l’âge de 17 ans au 2e régiment d’infanterie coloniale. Après une rapide période d’instruction, il rejoint les troupes engagées le 1er juillet 1916 dans la bataille de la Somme. C’est une bataille particulièrement sanglante qui se déroule dans des conditions climatiques difficiles. La boue omniprésente, lourde et gluante tapisse les tranchées et s’infiltre partout décourageant les plus téméraires. Il connaît les engagements meurtriers et voit tomber autour de lui de nombreux camarades fauchés par les mitrailleuses ennemies. Le 19 novembre 1916, l’offensive alliée est arrêtée après quelques avancées qui ne modifient nullement le cours de la guerre. Le bilan général est lourd : « 194451 Français et 419654 Britanniques[2] » sont tués. Après la Somme, le régiment participe à de nouvelles offensives et arrive le 24 septembre 1917 à Verdun. Il monte aussitôt en première ligne et subit les bombardements incessants et les attaques ennemies repoussées à la baïonnette. C’est « l’enfer » qui attend les soldats car « le Boche criminel y lance à tout instant les gaz les plus nocifs qui circulent au fond des ravins, font de nombreuses victimes et se dissipent lentement.[3] » Le régiment occupe la position stratégique des Chaumes « qu’Il faut tenir coûte que coûte (…) L’ennemi ne s’en emparera qu’en marchant sur nos cadavres.[4] » Les soldats tiennent malgré les bombardements, la pluie incessante et le froid mordant. Après quelques jours de « repos » les hommes retrouvent le mois suivant le front, les gaz et les bombardements intensifs qui font de nombreux ravages. Le bilan est lourd pour le 2e RIC qui fait état de : « tués, 47 ; blessés ou intoxiqués, 338 ; disparus, 7 ; total : 392. » Le soldat Caugant fait partie des intoxiqués (2 octobre) et est hospitalisé à l’hôpital de Carcassonne dans le département de l’Aude. À l’issue des combats, le colonel Philippe salue la « brillante conduite » du 2e colonial et félicite les soldats : « Pour votre abnégation, votre courage, votre ténacité, votre endurance à supporter sans le moindre murmure les pires fatigues, en un mot votre esprit de sacrifice. » Après une période de convalescence, il rejoint le régiment et participe aux derniers combats avant l’armistice. En décembre, il traverse les villes de l’ancienne Lorraine délivrée, sous les acclamations de la population et « drapeau déployé, clairons résonnants, il traverse les villes allemandes en vainqueur cette fois et participe à l’honneur de monter la garde au Rhin. » Son frère Jean disparaît à l’ennemi le 1er octobre 1918 au combat de Roulers, en Belgique.
Après de longs mois d’occupation à Boppard en Allemagne, Pierre Caugant est démobilisé et réintègre le personnel municipal de Lorient. Il épouse dans cette ville, le 18 octobre 1920, Anna Jaffré[5]. Après de longues années de service à l’hôtel de ville, il accède au poste d’huissier en chef et s’acquitte de cette nouvelle mission avec compétence. Malgré un combat « acharné » contre les séquelles de ses importantes blessures reçues à Verdun, il décède, le 8 octobre 1936 à l’âge de 37 ans.
Ses obsèques sont célébrées, le samedi 10 octobre, en présence du maire de Lorient, Emmanuel Svob, du député Louis L’Hévéder, des adjoints : Raymond Moysan, Eugène Bécam, Chevalier, Jean-Louis Robin, Louis Cren, Amédée Hémon et de tous les conseillers municipaux. Devant sa tombe au cimetière de Kerentrech, le capitaine Autfray, commandant la compagnie des sapeurs-pompiers esquisse en quelques mots la vie du défunt qui « fut un exemple de dévouement. » Il rappelle son engagement pendant la Grande Guerre et met en valeur en valeur son action chez les sapeurs-pompiers : « Entré à la Compagnie le 1er septembre 1923, il était nommé caporal le 1er janvier 1929 et sergent le 1er janvier 1932. Il comptait 14 années de bons et loyaux services, son bon esprit et son dévouement le faisaient remarquer. Il s’est toujours dépensé pour ses semblables, ses sentiments du devoir en faisaient un homme digne de faire partie de la grande famille des Sapeurs-Pompiers dont l’abnégation est si souvent méconnue (…) C’est encore un brave qui disparaît, laissant à tous ceux qui l’ont connu un souvenir de bonté et de dévouement. » Il est inhumé au cimetière de Kerentrech. Carré 8. Tombe n° 7.
[1] Employé à des courses.
[2] Keegan, John. La Première Guerre mondiale.
[3] Historique du 2e R.I.C.
[4] Historique du 2e R.I.C. Colonel Philippe.
[5] Anna Jaffré succède à sa mère (+ le 23 mai 1920) comme concierge de l’hôtel de ville de Lorient. Son père Mathurin Jaffré, huissier à la mairie de Lorient était mort de maladie contractée au front, le 21 mai 1919.